La petite commune de Wingen-sur-Moder (Bas-Rhin), dans le parc naturel régional des Vosges du Nord, est connue dans le monde entier grâce à un nom : René Lalique. La cristallerie fondée en 1921 par ce maître verrier emblématique des courants esthétiques Art nouveau et Art déco, tourne encore à plein régime. « Entre 350000 et 400000 pièces y sont fabriquées chaque année », annonce Denis Mandry, l’actuel directeur de la manufacture. En traversant les grandes salles d’un pas pressé, il raconte : « Autrefois, il y avait seulement un petit atelier et une halle avec un four. » Aujourd’hui, les bâtiments s’étendent sur 16000mètres carrés, 230 salariés y réalisent les objets décoratifs, les éléments d’architecture intérieure, les bijoux, les bouteilles de parfum et les oeuvres d’art de la maison. A quelques centaines de mètres de là, la villa que René Lalique fit construire en 1920 pour y vivre est devenue un hôtel-restaurant deux étoiles décoré avec de nombreuses pièces en cristal de la marque (luminaires, mobilier, vases). En 2011, un musée consacré à l’histoire de Lalique a même ouvert dans le village ! Pourtant, à l’origine, René Lalique n’avait aucun lien avec l’Alsace. Né en Champagne en 1860, il fit d’abord fureur à Paris avec les bijoux qu’il créa pour des actrices comme Sarah Bernhardt et de grands joailliers tels que Boucheron et Cartier. Bien plus tard, après son triomphe à l’Exposition universelle de 1900, il s’intéressa au travail du verre et imagina des flacons pour des parfumeurs en vogue. C’est cette nouvelle passion qui le conduisit dans le berceau des traditions verrières françaises. L’entreprise Lalique est restée dans les mains de la famille de son fondateur jusqu’à son rachat, en 2008, par la société suisse Art et Fragrance.
Hélène Brunet-Rivaillon